Search picto Magnify Search picto Close

Interview d’Alexandre IATRIDES, dirigeant de Freedom Portage

14/06/2023

Cela fait plus de trois ans maintenant que nous donnons la parole aux dirigeantes et dirigeants d’entreprises de portage salarial. Nous partageons avec eux leurs questionnements, leurs doutes parfois, mais surtout leurs espoirs et leur vision, résolument tournée vers l’avenir.

Pour ce nouvel épisode, nous avons eu le plaisir d’échanger avec Alexandre IATRIDES, le dirigeant de Freedom Portage, société de portage salarial à mission créée en 2015.

C’est parti pour la nouvelle interview des entrepreneurs du portage salarial !

Rubrique : Portrait perso

Famille

L’histoire de FreedomPortage est une histoire de famille. Nous avons fondé la société avec mon père en 2015.

Aujourd’hui, il a 76 ans et il tente de prendre du recul. En tous les cas, il nous fait encore bénéficier de son expérience et de son expertise, même si aujourd’hui j’ai repris les rênes de la société.

Sa philosophie, sa vision du travail a toujours été inspirante pour moi. Dans tout son parcours professionnel, il a toujours considéré que le travail pouvait être quelque chose d’épanouissant, c’est ce qu’il m’a inculqué.

Il a toujours pensé que travailler était important, mais que l’équilibre entre la vie personnelle et professionnelle était fondamental. La clé selon lui est d’avoir la maîtrise de sa vie.

Finalement je pense que c’est ce que nous avons réussi à reproduire au sein de Freedom Portage pour nos consultants.

Parcours

Avant la création de Freedom, j’ai eu un parcours professionnel dans la finance.

J’ai d’abord suivi un cursus en école de commerce puis j’ai débuté ma carrière à New York, en tant qu’analyste financier pour les marchés industriels, notamment dans le secteur des télécoms.

Présenté ainsi, on pourrait croire que mon profil était à priori assez éloigné des questions liées à l’emploi. Mais en réalité en tant qu’analyste financier, on est aussi un observateur du monde de l’entreprise et de son évolution en général. Ce qui m’a profondément marqué à l’époque c’est ce grand courant de développement de l’indépendance et du freelancing qui a émergé aux Etats-Unis et qui s’est ensuite rapidement étendu dans le monde entier.

Quand tu regardes bien, aujourd’hui un constructeur automobile ne réalise lui-même plus que 20% de la voiture qu’il vend. La surspécialisation et l’externalisation qui date d’il y a plus de 20 ans n’a pas fini sa course.

On externalise même aujourd’hui son cœur de métier. Faire appel à un graphiste pour réaliser sa plaquette commerciale, développer son site internet, il y a 20/30 ans, cela ne venait à l’idée à personne d’externaliser ce genre de prestation. Désormais, c’est presque l’inverse.

Le Portage salarial, c’est quoi pour toi ?

Pour moi le portage salarial permet au plus grand nombre d’accéder à une réelle indépendance, à une vraie liberté. Je dis ça sans naïveté.

Chez Freedom, on donne aux consultants les moyens d’y parvenir, grâce au statut de porté bien sûr, mais aussi grâce aux services que nous leur proposons qui les libèrent de tâches administratives chronophages, parfois complexes et de risques superflus (impayés clients, pertes de CA…).

Chez Freedom, on a une équipe de plus de 10 personnes aujourd’hui, qui accompagne quotidiennement les consultants. Notre phase de croissance étant assez forte, nous devrions rapidement atteindre les 15/20 permanents au sein de Freedom Portage, c’est une grande fierté !

Passion ?

Tout me passionne, je suis un multi passionné, par la vie et ce qu’elle nous offre. Mais ma plus grande passion, c’est mes 3 enfants !

 

Rubrique : Portrait pro

Que fais-tu au sein du groupe ?

Je suis Directeur Général de Freedom Portage dont on peut dire aujourd’hui que j’ai la direction et que j’ambitionne de développer, bien évidemment (Rires).

Genèse, services, parle nous un peu du groupe.

Je parlais précédemment de notre désir de construire quelque chose de différent, de rendre les gens libres de choisir leur manière de travailler finalement.

Afin de concrétiser cette « philosophie », de passer de la théorie à la pratique, nous avons fait de Freedom Portage une entreprise à mission ! Nous avons « gravé » dans nos statuts notre raison d’être, notre « mission », à savoir l’épanouissement des freelances.

Nous sommes très sensibles aux questions de « développement durable », de RSE, de qualité de vie au travail, de fidélisation de nos collaborateurs et de nos salariés portés.

Nous sommes dans un secteur à marge faible, notamment sans frais cachés (Rires), il faut donc instaurer une vraie relation de confiance pour que le modèle fonctionne. C’est clairement le choix que nous avons fait.

Si je devais résumer en une phrase notre leitmotiv je dirais qu’on n’arrivera pas à convaincre les gens en amont que nous sommes les meilleurs, mais en étant les meilleurs, on garantit qu’ils resteront chez nous.

Nous avons à cœur d’offrir toujours plus de services à nos consultants, même si le portage salarial offre déjà de nombreux avantages, notre entreprise essaie d’aller toujours plus loin.

A titre d’exemple, nous avons développé notre propre logiciel de paye, on édite nos propres bulletins de salaire, nous avons aussi notre propre application mobile de comptabilité. On peut dire que nous sommes à la pointe en termes d’optimisation administrative mais surtout financière.

Après tout mon ancien métier est la finance, il faut bien que cela serve (Rires). Donc on optimise la rémunération de nos consultants en mettant en place des PEE, des PERCO, avec les frais pros, et finalement je pense que nous avons le meilleur taux de restitution du secteur. On fait du sur-mesure, du « gastronomique » je dirais, on va jusqu’à calculer les avantages et inconvénients de gagner sur un mois 50 euros de plus ou de moins.

Points forts/avantages, c’est quoi le petit plus de ton EPS ?

En plus des éléments que je viens de préciser, nous garantissons que les charges salariales payées par les portés sont au centime près celles dont ils doivent s’acquitter.

On optimise tout ça en fonction de la situation de vie de chacun : projet personnel, retraite, congés sabbatiques, chaque personne à son parcours, ses envies… l’idée une fois de plus est que chaque personne qui travaille avec nous ait un maximum de liberté, et de choix ! On s’adapte aux besoins de nos portés le plus finement possible avec nos outils d’optimisation.

Je pense que nous avons trouvé le bon équilibre entre la technologie et l’humain, la première étant au service du second.

Les projets du groupe dans les prochains mois/années à venir ?

Aller toujours plus loin dans notre concept d’entreprise à mission ! Et pourquoi pas, un jour, se diriger plus largement vers les micro-entrepreneurs en leur offrant des services similaires, même s’ils n’auront pas tous les avantages induits par le statut du portage salarial.

En termes de développement dans le secteur du portage spécifiquement, notre souhait est d’aller vers des métiers dits de niches : agents immobiliers, courtiers en assurance, il y a de plus en plus d’indépendants qui se lancent dans ces voies. On attaque toutes ces verticales qui n’étaient pas du tout dans le champ du portage salarial il y a quelques années.

 

Rubrique : Lieux communs ! Que réponds-tu à ces affirmations ?

Le portage, ce n’est pas fait pour les jeunes !

Eh bien je dirais que c’est tout l’inverse aujourd’hui !  En effet, cette affirmation ne correspond pas à ce que l’on observe dans notre métier : location immobilière, prêt bancaire, de nombreux jeunes ont besoin de fiches de paye. Le portage leur ouvre la porte des banques et rassure les propriétaires. Quand on est jeune également, le plus souvent, on a peu d’épargne : gérer un impayé quand on est à son compte ou que l’on est simplement payé à 60 jours par ses clients, cela peut poser certaines difficultés. Chez Freedom Portage, clairement cela n’arrive jamais, nous garantissons un salaire mensuel à nos consultants.

Les personnes qui se lancent n’en ont pas toujours conscience, notamment les jeunes, donc on le met pas mal en avant.

Le portage, c’est trop cher !

En réalité, ce n’est pas si cher, si l’on sait comment bien optimiser : c’est pour cela que l’on met en avant notre taux de restitution.

Ensuite, la fameuse comparaison entre micro et portage salarial a pour moi ses limites. Cela revient à dire : « tu as vu, je dépense moins que toi en prenant ma voiture sans assurance ». C’est vrai, mais en cas de problème, cela peut te coûter très cher d’avoir un accident si tu n’es pas protégé. On pourrait ajouter à cela qu’en micro, il y a finalement pas mal de frais annexes au-delà des cotisations, comme faire appel à un expert-comptable, les locations de logiciels éventuels, les formations auto financées… tout cela a un coût, et si ce n’est pas en argent (par exemple vous faites vos comptes ou vous vous auto formez,) ce sera en temps passé, ce qui revient au même finalement. Quand vous faites vos comptes, vous n’exécutez pas une prestation, et la plupart du temps les freelances que je connais préfèrent exercer leur métier plutôt que de s’adonner le week-end ou le soir aux tâches administratives, fiscales ou comptables.

 

Rubrique : Avis d’expert

Le portage est-il selon toi assez connu, et reconnu ?

Quand on y réfléchit, le statut n’a été pleinement officialisé que récemment finalement : ce n’est que depuis l’ordonnance de 2015, puis la convention collective de 2017, qu’il est réellement apparu aux yeux du grand public, et encore modestement, et que les gens commencent à voir les intérêts du dispositif.

Quand on reprend l’histoire des téléphones portables par exemple, Apple avec son IPhone en 2007 a rencontré des difficultés d’acquisition de ces 20 premiers pourcents de part de marché, après quand ils ont passé le cap, cela s’est développé en masse. Je suis convaincu que le portage peut suivre la même trajectoire, les 20% premiers pourcents, c’est toujours les plus difficiles !

Qu’est-ce qu’il faudrait faire pour améliorer les choses ?

Le portage salarial reste encore aujourd’hui trop méconnu mais c’est surtout dû au fait, à mon sens, que les pouvoirs publics, l’administration ne le connaissent pas, peu, ou mal.

Cela s’améliore, mais Pôle Emploi, l’APEC, les CCI pourraient, si elles le connaissaient mieux, être des prescripteurs plus proactifs de cette forme d’emploi protectrice pour les personnes qui veulent exercer leur activité en toute indépendance.

Je vous donne un exemple, l’URSSAF vient de mettre en ligne un comparateur des statuts pour se lancer en tant qu’indépendant, le portage salarial n’est même pas cité.

 

Rubrique : Confession

Un coup de gueule, un partage, une suggestion, une maxime, ou juste un merci… la parole est à toi…

Pas de coup de gueule à partager aujourd’hui, ce n’est de toute manière pas trop mon style. Une citation de Simone de Beauvoir peut-être :

« Se vouloir libre, c’est vouloir les autres libres » : cela résume assez bien je trouve l’histoire et la philosophie de Freedom Portage.