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BTP Services Plus le portage dans le bâtiments

01/11/2005

Une interview du site CyberBTP.com

Jean-François René est co-fondateur avec Michel Rozais de BTP-Services Plus. Il est responsable du développement de la première société de portage des salaires entièrement dédiée au domaine de la construction.

 

Découverte d’un concept appelé à se développer.

Jean-François René : Le concept du portage salarial est la possibilité donnée à des personnes qui ne (re)trouvent pas un job dans une entreprise de travailler autrement, qu’il s’agisse par exemple de personnes au chômage, ‘externalisées’ ou de plus de 50 ans. En effet, ce système permet au ‘compagnon’ de travailler de façon autonome, de pouvoir trouver chantiers et/ou missions en négociant directement avec le client ; le principe étant que, quand ce client a signé le contrat, la prestation est transformée en salaire.

Pour simplifier, c’est le principe du triangle. Prenons l’exemple d’un métreur qui connaît un maître d’œuvre souhaitant l’utiliser ponctuellement mais sans pouvoir l’embaucher. Le métreur va négocier le cahier des charges, définir sa mission et calculer son tarif. Quand le maître d’œuvre a signé ce devis, notre société de portage reçoit ce devis et signe avec le métreur un contrat de travail basé sur ce devis, dont le montant est transformé en salaire. Nous sommes donc l’équivalant d’un centre administratif pour une personne ne souhaitant pas, par exemple, créer tout de suite son entreprise.

L’intérêt de ce point de vue est que le ‘compagnon’ va pouvoir se créer une vraie clientèle en fonctionnant comme une véritable entreprise, établissant ses propres devis et négociant ses missions. La différence est que c’est nous qui allons facturer ces prestations, en y incluant toutes les charges patronales, les garanties, les primes d’intempéries, les congés payés, etc. Le compagnon garde ainsi tous les avantages d’un travail salarié – les points de retraite et ses droits aux Assedic notamment – alors qu’il perd tout cela en créant sa propre entreprise. Enfin, comme nous sommes également une société du BTP, nous utilisons nos compagnons pour nos propres chantiers.

 

Comment est déterminé ce salaire ?

 

Le salaire est fonction du chiffre d’affaires HT. Si par exemple le compagnon a signé 10.000 euros HT de chantier sur quatre mois, avec les devis correspondants, il touchera en salaire environ 50% de cette somme, soit environ 5.000 euros net sur quatre mois, une fois toutes les charges, primes, frais professionnels et frais de gestion pris en compte. Comme nous sommes la seule société de portage spécialisée dans le bâtiment (Il y a environ 150 sociétés de portage tous secteurs en France, dont une est également spécialisée dans le bâtiment. NdR), nous sommes agréés et agissons dans le cadre de la convention collective du bâtiment. Ainsi non seulement le compagnon évolue dans le cadre légal du salariat habituel mais en plus nous prenons en compte la garantie décennale, ses frais de chantier et de déplacement et nous garantissons la logistique administrative. Ainsi le salarié peut se consacrer entièrement à sa prestation, tant en terme de prospection que de réalisation.

 

C’est tout l’intérêt de notre concept de portage vertical. Nous nous adressons uniquement à des gens qui ont une relation avec le bâtiment, du maçon à l’informaticien, du maître d’œuvre au maître d’ouvrage. Ainsi un cadre d’une entreprise externalisée peut par exemple reprendre contact avec ses clients et poursuivre une activité. Mon rôle est d’expliquer aux compagnons l’impératif de contrats de mission bien préparés en amont. Par exemple un marché négocié à 2.000 euros HT ne représente au final, une fois toutes les charges prises en compte, qu’un revenu de 700 euros net auquel il faut ajouter l’indemnité de congés payés versée par la Caisse du bâtiment et qui représente un salaire de 10 % du salaire annuel versé.

 

Il s’agit d’un concept nouveau. Les artisans ou acteurs du bâtiment sont-ils réceptifs ?

 

Alors que la société est jeune – elle a été créée il y a deux mois seulement – nous comptons déjà une trentaine de compagnons parmi nous et nous recevons une ou deux demandes d’agrément par jour. Ils viennent nous rejoindre principalement par le bouche à oreille mais aussi par notre site Internet (www.btp-services-plus.com) ou par le guide du portage. Nous avons d’ores et déjà un délégué à Lyon et un autre en Région Pays de la Loire, là d’ailleurs où le marché de la construction se porte très très bien. Ce n’est pas si difficile pour nous de convaincre car nous ne sommes pas, j’insiste, une société de conseil mais un centre de gestion officiel et une véritable entreprise du BTP.

 

Que se passe-t-il quand le chantier ou la mission du compagnon se termine ?

 

Quand le contrat de mission se termine, le compagnon retrouve ses droits aux Assedic, voire les conserve s’il ne dépasse pas le plafond de 70% du salaire de référence en 136 heures. Dans le cas d’un dépassement exceptionnel de ce pourcentage de 70%, nous pouvons par ailleurs lisser au mieux de l’intérêt du compagnon le salaire sur deux mois par exemple. Et si quelqu’un dépasse régulièrement ce pourcentage, il récupère ses droits aux Assedic après une période de sept ou huit mois avec un nouveau calcul voire, devenu suffisamment solide, il peut créer son entreprise et ne plus avoir besoin de nous. Les compagnons sont en effet propriétaires de leurs clients, de leurs factures. Ils peuvent créer leur société sur des bases solides en s’appuyant sur un compte d’exploitation réel et non fictif à n+1 ou n+2.

 

Le flou juridique autour de votre activité n’est-il pas rédhibitoire?

 

Ce n’est rien moins qu’un nouveau mode de travail. J’ai moi-même travaillé 25 ans dans le bâtiment, en tant que directeur commercial dans différents groupes puis en tant que gérant d’une société de BTP. J’ai ensuite créé une entreprise de portage généraliste. Je me suis vite aperçu que le gros problème des sociétés de portage multi secteurs, la très grande majorité des entreprises, était la difficulté d’offrir une convention collective à ses salariés qui soit en rapport avec son activité professionnelle.

 

En effet, comment faire quand on s’adresse indifféremment à un ingénieur, un coiffeur, un webmestre ou un sociologue? Du coup la législation française ne reconnaît pas le portage salarial mais l’admet, sans accord juridique. Difficile pour l’Etat de faire autrement puisque plus de 10.000 salariés sont aujourd’hui ‘portés’ en France, loin cependant de l’Angleterre ou l’Allemagne qui, chacune, en compte dix ou quinze fois plus. Tout simplement parce que personne ne s’est préoccupé de ce type de situation d’un point de vue institutionnel. Rappelons cependant que la situation était identique il y a 20 ans au début de l’implantation des sociétés d’intérim. Il a fallu 10 ans pour que l’intérimaire dispose d’un contrat de travail et d’une convention collective. Nous nous battons actuellement pour obtenir une telle reconnaisse et sécurité juridique.

 

Quels sont les coûts de votre service ?

 

Les frais de gestion oscillent entre 10 et 12% du C.A., avec des tarifs dégressifs. Il faut comparer ce coût avec le temps que passerait l’artisan, ou son épouse, à remplir tous les papiers administratifs, les calculs de TVA, etc. tout en prenant le risque, s’il est indépendant, de gager tous ses biens. L’indépendant, ou le gérant d’une SARL, n’a pas de point de retraite, de congés payés et doit de toutes façons payer un expert-comptable. Tout bien considéré, nous pensons donc que notre offre est équilibrée.

 

Le compagnon ‘salarié’ qui a besoin de main d’œuvre pour un chantier peut-il embaucher dans ce cadre ?

 

Si le compagnon doit embaucher pour un chantier, nous allons salarier ces ouvriers mais le compagnon doit s’assurer avoir bien ‘vendu’ leur travail car ils seront payés sur son C.A. En général les compagnons embauchent des gens qu’ils connaissent déjà et connaissent bien leur métier. Nous n’avons à ce jour jamais eu de problèmes en ce domaine. Enfin, nous payons les achats de matériel quand l’artisan a reçu 40% d’avance à la commande ou en fonction de l’avancement des travaux. Et nous nous occupons de récupérer l’argent en cas de chèque sans provisions par exemple.

 

Pus d’informations sur le site : www.btp-services-plus.com

Téléphone : 0 820 821 339