Ordonnance du Gouvernement : réaction de Nicolas Chaussepied de Staff Atlantic

08/04/2015

Nicolas Chaussepied, Directeur Fondateur de Staff Atlantic

 

Le Guide du portage a interrogé Nicolas Chaussepied - Directeur Fondateur de Staff Atlantic - sur l’ordonnance du portage salarial.



Quelle est votre première réaction à l’ordonnance qui vient d’être adoptée par le Conseil des Ministres le 1er avril 2015 ?


Une réaction très positive. C’est une très bonne ordonnance qui donne un cadre plus complet à notre secteur et apporte une vraie reconnaissance du métier.

Auparavant, on avait 4 lignes dans le Code du travail, on va désormais avoir un plein paragraphe.

Cela va avoir un poids énorme et permettra de lever des doutes notamment vis-à-vis de Pôle Emploi.

L’autre point important de l’ordonnance, c’est qu’elle ouvre le portage sans distinction entre cadres et aux non cadres : on parle désormais de « professionnels autonomes ». La notion cadre / non cadre n’avait pas de sens.

De 40 à 50 000 personnes en portage, je pense qu’on peut passer à beaucoup plus.

Ce sera notamment une solution pour de nombreux chômeurs de s’essayer à créer leur activité. Ce sera donc un outil double : contre le chômage et pour la liberté d’entreprendre.

Finalement, nous sommes aujourd’hui à 80% de salariés contre 20% d’indépendants sur le marché du travail alors qu’il y a 50 ans, la proportion était inversée. On avait peut-être une masse salariale globale trop importante.


Quelle est votre position au sujet de l’encadrement juridique du portage salarial ?


Elle apporte une vraie ouverture sur les métiers qui vont pouvoir être exercés en portage.

Elle permet la création d’un nouveau métier, avec un nouveau Code NAF.

Concernant le salaire minimum fixé pour bénéficier du portage, je trouve que 2400 € c’est un bon niveau notamment pour inclure des métiers comme les formateurs, sans que ce ne soit trop bas car le portage requiert tout de même un certain niveau d’expertise.

Sur l’obligation de souscrire une garantie financière, je ne trouve pas cette sécurisation anormale. Cela dit, nous attendons d’avoir des précisions, car si cette garantie est multipliée par 3, je n’y suis pas franchement favorable : cela représentera un surcout pour les sociétés de portage et notamment sur les primes d’assurance.

Au global, la garantie financière reste un point mineur car les avantages de l’ordonnance vont permettre de compenser cette exigence en faisant grossir notre secteur et notre champ d’action.


Quelle est votre vision des partenaires sociaux au sein de la profession ?


Aujourd’hui, je suis adhérent du PEPS qui a été l’acteur majeur de cette ordonnance. Le PEPS a mené un véritable travail de fond de collaboration et de coopération avec les syndicats et je tiens à le saluer.

Je précise que suis adhérent du PEPS depuis 2 ans et qu’auparavant j’avais toujours refusé d’intégrer un syndicat d’entreprises de portage tant qu’il y avait une division entre la FNEPS et le SNEPS. Ils ont eu l’intelligence de fusionner.

À date, le PEPS représente 80% de la profession en volume d’affaires mais il reste quelques dizaines de sociétés de portage qui ont des visions qui ne sont pas forcément dans l’intérêt des portés.

Il reste un petit syndicat, l’UNEPS, avec une dizaine de sociétés, assez revendicatif mais qui n’évolue pas franchement dans le sens de coopération.

Certains ont encore des visions purement patronales et ne sont pas en recherche d’équilibre.

Pourtant, la posture de « lutte des classes » est dépassée, surtout que nous ne dialoguons pas avec des syndicats de salariés « classiques ».