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Quel TJM moyen pour les salariés portés ?

Nous publions il y a quelques semaines une première analyse du rapport de branche 2025 du portage salarial centrée sur les chiffres clés du secteur. Chiffres d’affaires en forte croissance (+31 %) et qui dépasse pour la première fois les 2 milliards d’euros, nombre d’entreprises et nombre de salariés portés en hausse constante, symbole de la bonne santé du portage salarial. Nous avons voulu aller plus loin dans l’analyse en regardant du côté de la rémunération des salariés portés. Les salariés portés ont-ils également tiré profit de cette belle année 2022 (nous rappelons à nos lecteurs que le rapport de branche se base sur les dernières données disponibles) ? C’est ce que nous allons découvrir dans cet article.

Une rémunération annuelle moyenne en hausse de 17 % !

La rémunération annuelle moyenne des salariés portés progresse de 17 % entre 2021 et 2022 (elle avait déjà progressé de 10 % en 2021) pour atteindre désormais 27 396 euros bruts.

17 % d’augmentation annuelle, c’est énorme. 27 396 euros bruts, un peu moins. C’est même assez nettement en dessous du revenu annuel brut moyen des cadres (environ 54 000 euros selon le dernier baromètre de la rémunération des cadres publié par l’APEC)

Mais sans contexte, ces chiffres n’ont pas énormément de valeur. En effet, exception faite de certains profils en régie chez leurs clients (on pense en particulier aux profils IT), les salariés portés travaillent très rarement à temps plein. Comme les indépendants et les freelances, les salariés portés doivent communiquer, prospecter, se former, faire de la veille sur leurs sujets, cadrer leurs propositions commerciales et bien sûr prester (ou exécuter si vous préférez).

En 2022, les salariés portés ont ainsi travaillé en moyenne 714 heures. A titre de comparaison, un salarié à temps plein effectue 1 607 heures par an s’il travaille 35 heures.

Pour tenir compte de cette réalité, deux autres données issues du rapport sont particulièrement intéressantes :

  • La rémunération brute moyenne en équivalent temps plein
  • La rémunération brute moyenne horaire

La rémunération brute moyenne en équivalent temps plein frôle les 70 000 euros bruts en 2022 (69 913 € exactement) en forte progression (+ 12 %).

La rémunération brute moyenne horaire atteint quant à elle 38,4 euros en 2022 (+ 12 %).

Ces données nous permettent de mieux comprendre la hausse du chiffre d’affaires du secteur. Celle-ci est due à la croissance du nombre de salariés portés mais elle est également fortement liée à la hausse de la rémunération brute moyenne horaire.

Autrement dit, les salariés portés ont trouvé des missions avec un meilleur TJM (taux journalier moyen), preuve de la bonne santé du marché en 2022.

Quel TJM en 2022 pour les salariés portés ?

Le rapport de branche ne nous fournit pas directement le taux journalier moyen des salariés portés en 2022. Mais en étant un peu malin, nous pouvons le reconstituer.

Les auteurs du rapport estiment en effet le chiffre d’affaires du secteur à partir des données sur la rémunération brute des salariés portés. En utilisant la même méthode, nous pouvons donc reconstituer le TJM moyen à partir de la rémunération brute horaire.

En 2022, il est de 467 euros. Si on regarde sur une plus longue période, on constate que le TJM moyen des salariés croît de manière régulière depuis 2015. L’entrée de nouveaux salariés portés sur le marché ne tire pas le marché vers le bas, bien au contraire.

Encore un atout pour mettre en avant le dispositif 😉

26 % des salariés portés ont gagné plus de 40 000 euros en 2022

Allons maintenant au-delà de la moyenne annuelle et du TJM moyen. Sortons des moyennes pour avoir une vision plus réaliste du secteur. Le rapport de branche 2025 nous apporte notamment des éléments sur la répartition des salariés par tranche de rémunération.

26 % des salariés portés ont gagné plus de 40 000 euros bruts en 2022 (c’était 21 % en 2021).

Les données sur la répartition des salariés portés sont également disponibles par sexe. On constate que les femmes sont moins nombreuses à gagner plus de 40 000 euros que les hommes (29 % pour les hommes contre seulement 18 % pour les femmes). Les femmes sont également plus nombreuses en proportion dans les tranches de rémunération inférieures.

Les graphiques suivants illustrent bien la situation.

Comment expliquer cette différence de rémunération ?

Quel écart de rémunération entre les hommes et les femmes ?

Les femmes ont perçu en 2022 une rémunération très nettement inférieure à celle des hommes (858 millions d’euros pour les hommes contre 324 millions d’euros pour les femmes). On parle ici de masse salariale brute soit la somme des rémunérations perçues par les hommes et les femmes.

L’écart de masse salariale est impressionnant : 62 % !

Mais il s’explique par plusieurs facteurs, malheureusement assez stables dans le temps (l’écart était de 61 % en 2021). Les femmes :

  • Sont moins nombreuses que les hommes en portage salarial ;
  • Ont en moyenne moins travaillé que les hommes en 2022 ;
  • Ont une rémunération brute horaire inférieure à celle des hommes.

 

Pour apprécier la situation plus finement, attachons-nous dans un premier temps à gommer l’effet volume. Les hommes étant plus nombreux que les femmes en portage salarial, il est relativement logique de constater une masse salariale beaucoup plus importante.

La rémunération brute annuelle moyenne des salariés portés est de 27 396 euros bruts en 2022. Comme les années précédentes, cette moyenne cache de fortes disparités selon le sexe. La rémunération brute annuelle moyenne des femmes est ainsi de 21 418 euros tandis que celle des hommes est de 30 626 euros. Près de 10 000 euros d’écart, soit une différence de 30 %.

En prenant en compte le nombre d’heures travaillées en 2022 (769 heures en moyenne pour les hommes et 614 heures pour les femmes), l’écart de rémunération brute horaire entre les hommes et les femmes tombe à 12 %.

Nous manquons de données pour aller plus loin dans l’analyse. Impossible de savoir si cette différence est due au secteur d’activité (sur-représentation des femmes dans des secteurs avec un taux journalier moyen plus faible ?), aux tarifs négociés ou, comme c’est probablement le cas, un mix des deux.

Une étude qualitative serait la bienvenue sur le sujet. À creuser en 2026 ?