Le guide des freelances pour choisir son statut selon son profil
Liberté, flexibilité, autonomie… Le freelancing attire chaque année des milliers de professionnels. Mais derrière l’enthousiasme du lancement se cache une question cruciale : quel cadre juridique choisir pour exercer son activité ? Micro-entreprise, EURL/SASU, portage salarial… Face à la diversité des options, comment s’y retrouver ? Plutôt que de foncer tête baissée dans une comparaison des différents statuts, partons de ce qui compte vraiment : votre situation, vos contraintes et vos ambitions.
Avant de choisir : oubliez les comparatifs
Si vous lisez cet article, vous avez probablement déjà passé des heures à éplucher des sites internet, à comparer des tableaux de cotisations et à tenter de déchiffrer des termes juridiques obscurs. Rassurez-vous : cette confusion est normale. Et elle vient souvent d’une erreur de méthode.
Le vrai point de départ n’est pas le statut. C’est vous. Votre situation familiale, vos projets personnels, votre rapport au risque, votre besoin d’accompagnement. Un statut parfait pour votre ami freelance qui s’est lancé il y a deux ans peut se révéler tout à fait inadapté à votre cas. Et inversement, une option que vous n’aviez pas envisagée pourrait parfaitement correspondre exactement à vos attentes.
Prenons donc le problème à l’envers : identifions d’abord les questions clés, puis voyons quelles réponses apportent les différents statuts.
Question 1 : La gestion administrative, corvée ou non sujet ?
Créer et gérer son activité d’indépendant implique un certain nombre de contraintes. Selon le statut choisi, vous passerez entre zéro et plusieurs heures par mois sur la gestion administrative de votre activité.
Si vous voulez le minimum de formalités : la micro-entreprise est clairement à considérer. Création en ligne en moins d’une heure, déclaration de chiffre d’affaires mensuelle ou trimestrielle, pas de comptabilité au sens strict. C’est le statut de la légèreté administrative.
Un petit bémol tout de même si vous dépassez le seuil de chiffre d’affaires permettant de bénéficier d’une franchise de TVA (37 500 € pour une activité de prestation de services). Vous devenez redevable de la TVA avec comme principale conséquence de l’ajouter à vos factures, la collecter et donc la reverser 😉. De nombreuses solutions existent pour aider les micro-entrepreneurs à passer ce cap toutefois.
Si vous préférez déléguer entièrement : le portage salarial est LA solution idéale pour se consacrer à 100 % à son cœur de métier. Vous transférez totalement la charge administrative de votre activité à votre entreprise de portage (EPS). Contrats clients, facturation, déclarations sociales, relances en cas d’impayés : votre EPS s’occupe de tout. Votre seule obligation : transmettre à votre conseiller les éléments nécessaires à l’établissement de votre bulletin de paie.
Le gros plus : un paiement anticipé. La convention collective du portage prévoit une rémunération minimum pour exercer son activité en portage. Concrètement, votre EPS doit vous verser cette rémunération dès que vous établissez votre compte rendu d’activité, et ce sans attendre le paiement de votre client. Le risque de défaut (et de retard) de paiement est donc à minima partagé avec l’EPS.
Certaines entreprises de portage proposent même une avance de salaire, vous libérant ainsi du stress lié aux délais de règlement clients.
Si vous acceptez une plus grande charge administrative : l’EURL ou la SASU sont des choix envisageables. Attention : ces statuts imposent des formalités de création plus lourdes. Comptez plusieurs semaines et quelques centaines d’euros pour vous lancer. La gestion d’une société est également plus complexe. Le recours à un expert-comptable est indispensable (comptez entre 1 500 et 3 000 euros par an).
Question 2 : Quel niveau de protection sociale souhaitez-vous ?
C’est souvent, à tort, le parent pauvre des réflexions sur le statut. On compare les taux de cotisations, rarement ce qu’ils financent réellement.
En micro-entreprise ou en EURL : vous êtes travailleur non salarié. Votre couverture maladie de base est correcte, mais vous ne cotisez pas au chômage. Votre retraite complémentaire sera faible, voire inexistante pour certaines professions libérales. Et vous n’êtes pas couvert pour les accidents du travail, sauf souscription volontaire (cela vaut aussi pour la retraite complémentaire ou le chômage mais rares sont les indépendants à y souscrire).
En SASU : le président est assimilé salarié. Protection sociale équivalente à celle d’un salarié classique (maladie, retraite, accidents du travail), mais toujours pas de chômage. Le coût est logiquement plus élevé : environ 70% de charges sur le salaire net, contre 45% en EURL.
En portage salarial : vous êtes un salarié à part entière. Même protection qu’un cadre du privé, y compris l’assurance chômage. Si votre activité s’arrête, vous bénéficiez d’une allocation de retour à l’emploi versée par France Travail (ex-Pôle Emploi). Une sécurité que n’offre aucun autre statut d’indépendant. Très pratique quand le marché se retourne (comme ces derniers mois dans l’IT) et qu’on met parfois plusieurs mois à retrouver une mission.
Question 3 : Avez-vous des projets immobiliers ou locatifs ?
Cette question peut sembler hors sujet. Elle est pourtant déterminante pour de nombreux freelances.
En France, le CDI reste le sésame pour accéder au crédit immobilier ou convaincre un propriétaire. Les indépendants, même prospères, se heurtent régulièrement à des refus. Les banques demandent généralement trois ans de bilans avant d’étudier un dossier de prêt. Les bailleurs exigent des garanties que les travailleurs non-salariés peinent à fournir.
Le portage salarial change la donne sur ce point précis. Depuis 2015, les salariés portés peuvent bénéficier d’un CDI. Avec des fiches de paie mensuelles et un contrat de travail classique, votre dossier ressemble à celui de n’importe quel salarié. Si vous envisagez un achat immobilier dans les deux ans, ce facteur mérite d’être pris en compte dans votre réflexion.
Question 4 : Avez-vous besoin d’être accompagné ?
Beaucoup de freelances sous-estiment cet aspect. Savoir faire son métier ne signifie pas savoir le vendre. Le passage à l’indépendance implique d’acquérir de nouvelles compétences : définir son positionnement, fixer ses tarifs, prospecter, négocier, gérer les périodes creuses.
En micro-entreprise ou en société : vous êtes seul. Des ressources existent (formations, communautés en ligne), mais la démarche reste individuelle. À vous de chercher et de financer votre montée en compétences.
En portage salarial : l’accompagnement fait partie du service. La plupart des entreprises de portage proposent des formations dédiées à la posture de consultant, des ateliers collectifs, un suivi individuel par des conseillers expérimentés. Un appui précieux pour sécuriser votre transition vers l’indépendance.
Question 5 : Êtes-vous certain de la viabilité de votre activité ?
Le niveau de certitude que vous avez sur votre projet influence directement le choix du statut.
Vous testez une idée : la micro-entreprise est faite pour cela. Zéro engagement, zéro frais fixe, possibilité de clôturer sa micro-entreprise aussi simplement que vous l’avez ouverte. C’est probablement le statut idéal pour valider un concept avant d’aller plus loin.
Vous démarrez avec un premier contrat : le portage salarial permet de vous lancer immédiatement, sans formalité de création d’entreprise. Vous signez un contrat de travail et pouvez facturer votre client dès le lendemain. Une solution particulièrement adaptée pour les personnes qui arrivent du salariat avec une mission déjà identifiée.
Vous êtes dans une démarche entrepreneuriale : si vous avez une vision à long terme et envisagez de développer une structure (embauche, association, levée de fonds, cession), la création d’une société prend tout son sens. L’EURL ou la SASU vous offrent un cadre adapté à cette ambition.
Quatre profils, quatre recommandations
Sans tomber dans le raccourci, voici quelques orientations si vous vous reconnaissez dans un de ces profils :
Vous êtes copywriter débutant — Vous avez envie de vivre de votre passion pour l’écriture, avez un premier client qui vous fait confiance mais assez peu de visibilité sur la suite de l’aventure. Vous avez d’autres priorités que le choix de votre statut. Mettez le paquet sur la recherche de nouveaux clients, publiez sur LinkedIn, formez-vous, rencontrez vos pairs … La micro-entreprise est votre alliée : simple, gratuite, réversible.
Vous signez une rupture conventionnelle — Vous quittez un poste salarié avec un bon salaire, avez négocié une rupture conventionnelle et allez bénéficier d’une allocation chômage pendant 1 an demi. Dans le meilleur des scénarios, vous commencez une première mission en régie dans quelques semaines. Le duo maintien total de votre allocation / SASU est particulièrement intéressant. Il vous permet de laisser la majeure partie de vos rentrées d’argent dans votre société pour vous constituer un matelas de sécurité une fois que vos allocations s’arrêtent. De quoi envisager plus sereinement une activité à long terme.
Votre carrière prend un autre tournant — Vous êtes cadre, expert dans votre métier mais vous voulez l’exercer autrement : choisir vos clients, vos missions, bénéficier de plus d’autonomie et surtout de flexibilité pour profiter davantage de vos enfants ou dégager plus de temps pour une de vos passions. Le portage salarial vous permet de démarrer sans rupture avec la sécurité du salariat et facilite grandement votre transition en vous aidant à apprendre votre nouveau métier de consultant 😊.
Vous venez de passer la trentaine et comptez bientôt acheter votre résidence principale — Vous êtes data analyst et avez vu plusieurs collègues passez en freelance avec une certaine réussite. Vous hésitez, compte tenu de vos projets personnels. Le portage salarial et son CDI changent tout face aux banques. Vos fiches de paie et votre contrat de travail les rassurent 😊 et vous permettront d’emprunter beaucoup plus facilement qu’en micro-entreprise. Anticipez cela dès le lancement de votre activité.
En conclusion : faire un choix qui vous ressemble
Le choix d’un statut n’est pas une décision anodine. Il conditionne votre quotidien d’indépendant, votre niveau de protection, votre capacité à mener vos projets personnels. Mais ce n’est pas non plus un choix définitif. Beaucoup de freelances évoluent au fil de leur parcours, passant de la micro-entreprise au portage, du portage à la société, selon les étapes de leur développement.
L’essentiel est de partir de vos besoins réels plutôt que d’une comparaison abstraite de régimes juridiques. En posant les bonnes questions, vous trouverez la réponse qui vous correspond.
En savoir plus sur le portage salarial :
👉 Les avantages du portage salarial
👉 Le fonctionnement du portage salarial
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