Portage salarial et retraite : Le guide complet
Le portage salarial suscite un intérêt croissant auprès des professionnels en quête de flexibilité. Beaucoup se demandent comment ce statut impacte leurs droits à la retraite. Ce guide vous dévoile tout : mécanismes, enjeux et opportunités, pour préparer sereinement votre avenir.
Le portage salarial : définition et mécanismes
Le portage salarial est un statut hybride entre salariat et entrepreneuriat. Le consultant porté signe une mission avec un client, mais est officiellement salarié de la société de portage, qui facture le client, collecte et redistribue les revenus.
Le triangle relationnel est constitué par :
- Le consultant porté
- La société de portage
- Le client final
Ce système est encadré par le Code du travail (ordonnances 2015, loi Travail 2016) et constitue une alternative intéressante au salariat classique ou au statut freelance.
Système de retraite français : rappels essentiels
Le système de retraite français repose sur un principe fondamental : la solidarité intergénérationnelle. Il est construit autour de deux piliers :
- La répartition : ce modèle dominant en France signifie que les cotisations versées par les actifs financent immédiatement les pensions des retraités. Il s’agit d’un système solidaire, où les générations présentes soutiennent les précédentes.
- La capitalisation : bien que minoritaire, ce mécanisme permet d’accumuler une épargne individuelle en vue de la retraite, à travers des produits financiers comme le Plan Épargne Retraite (PER). Ce modèle est davantage utilisé en complément du système principal.
Un système à deux niveaux
La retraite des salariés en France repose sur deux régimes principaux :
- La retraite de base – Gérée par la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse (CNAV), elle concerne l’ensemble des salariés du privé. Elle est calculée sur la base des 25 meilleures années de salaire (revalorisées) et selon un nombre de trimestres validés.
- La retraite complémentaire – Obligatoire pour les salariés, elle est gérée par l’AGIRC-ARRCO. Ce régime par points vient s’ajouter à la retraite de base et représente une part significative de la pension totale, en particulier pour les cadres.
Trois critères clés déterminent le montant de la pension
- Les trimestres cotisés
La durée de cotisation, exprimée en trimestres, est un facteur essentiel pour atteindre le taux plein. En 2025, un salarié doit justifier de 172 trimestres (soit 43 années de cotisation) pour bénéficier d’une pension complète sans décote.
➤ Un trimestre est validé à partir de 1 585 € de revenus bruts annuels (en 2025), jusqu’à 4 trimestres par an. - Le salaire annuel moyen (SAM)
Pour le régime général, la pension est calculée sur la moyenne des 25 meilleures années de salaire brut (plafonné à 1 PASS – Plafond Annuel de la Sécurité sociale). Cela permet de lisser les aléas de carrière et d’exclure les années les moins rémunératrices. - Le taux plein
C’est le pourcentage maximum appliqué au salaire moyen pour calculer la pension. Il s’élève à 50 % dans le régime de base. Si le nombre de trimestres requis n’est pas atteint, une décote est appliquée (1,25 % par trimestre manquant), sauf départ à l’âge d’annulation de la décote (67 ans).
Cotisations retraite en portage salarial : mécanismes et optimisation
Fonctionnement des cotisations pour les consultants actifs
Régime de cotisation applicable
En portage salarial, le consultant porté bénéficie du régime général de la Sécurité sociale, tout comme un salarié en contrat à durée indéterminée (CDI). Il est affilié automatiquement aux caisses de retraite de base et complémentaire, et ses cotisations sont gérées par la société de portage.
Voici les principales caractéristiques :
- Assiette de cotisation : les cotisations sont calculées sur la base du salaire brut mensuel versé par la société de portage. Ce salaire correspond au chiffre d’affaires réalisé par le consultant, après déduction des frais de gestion, des cotisations sociales et des frais professionnels éventuels.
- Cotisations sociales : le consultant supporte les cotisations salariales, et la société de portage verse les cotisations patronales. Les taux appliqués sont identiques à ceux d’un salarié classique (environ 25 % de charges salariales et 42 % de charges patronales en 2025).
Validation des trimestres et calcul des points
Les consultants en portage salarial valident leurs droits à la retraite dans les mêmes conditions qu’un salarié. En 2025, les règles suivantes s’appliquent :
- Validation d’un trimestre : pour qu’un trimestre soit validé, le consultant doit percevoir un revenu brut d’au moins 1 585 € (plafond fixé pour 2025). Ainsi, avec 6 340 € de salaire brut annuel, le porté valide ses 4 trimestres annuels.
- Points AGIRC-ARRCO : le consultant porté cotise également à la retraite complémentaire obligatoire. Il acquiert des points de retraite AGIRC-ARRCO proportionnellement à ses cotisations. Le nombre de points obtenus chaque année dépend du montant cotisé et du prix d’achat du point (17,91 € en 2025).
- Salaire annuel moyen : ce dernier est un critère essentiel dans le calcul de la pension de base. En portage, les salaires versés chaque année sont pris en compte dans ce calcul, à condition qu’ils soient réguliers et correctement déclarés.
Stratégies d’optimisation des cotisations
Les consultants peuvent mettre en place plusieurs stratégies pour améliorer leurs droits à la retraite, tout en optimisant leur rémunération :
- Répartition salaire / frais professionnels
Le consultant peut se faire rembourser certaines dépenses professionnelles (frais de déplacement, hébergement, matériel…). Ces frais sont non soumis à cotisations sociales, mais n’entrent pas non plus dans l’assiette de calcul des droits retraite. Il convient donc de trouver un équilibre pour maximiser les revenus cotisants sans réduire exagérément les droits futurs. - Gestion des intermissions
Les périodes sans mission (appelées « intermissions ») peuvent impacter négativement la validation des trimestres. L’idéal est de prévoir une continuité dans les revenus, soit en anticipant les périodes creuses, soit en répartissant les rémunérations sur plusieurs mois. - Planification pluriannuelle des revenus
En espaçant ou en concentrant ses missions, le consultant peut optimiser ses revenus déclarés sur les années les plus déterminantes pour le calcul de la pension (les 25 meilleures années pour le régime général).
Droits constitués et perspectives de pension
Calcul prévisionnel de la retraite
Pour estimer sa pension future, le consultant porté peut utiliser plusieurs méthodes et outils :
- Retraite de base : calculée sur la base du salaire annuel moyen des 25 meilleures années, pondéré par le nombre de trimestres validés et le taux de liquidation (50 % pour le taux plein).
- Retraite complémentaire AGIRC-ARRCO : basée sur l’accumulation de points. Le montant de la pension dépend du nombre de points accumulés et de la valeur du point au moment du départ à la retraite.
- Outils de projection : des simulateurs en ligne (comme ceux disponibles sur le portail info-retraite.fr) permettent de réaliser des projections précises, en intégrant les spécificités du portage salarial.
Le portage salarial se situe à mi-chemin entre salariat classique et entrepreneuriat. Voici les principales différences en matière de retraite :
- Portage vs salariat classique
Cotisations identiques (régime général + AGIRC-ARRCO)
Frais de gestion et frais professionnels peuvent réduire l’assiette cotisée, mais offrent une souplesse fiscale
- Portage vs indépendant (auto-entrepreneur, entreprise individuelle, etc.)
L’indépendant cotise sur son bénéfice net ou son chiffre d’affaires
Les taux sont généralement inférieurs, mais les droits constitués le sont aussi
L’accès à la retraite complémentaire est souvent limité ou optionnel
Le statut est moins protecteur sur le plan santé, chômage et prévoyance
Statut | Revenu net | Trimestres | Complémentaire | Simplicité |
Salariat | Stable | Solide | Oui | Très élevée |
Portage salarial | Flexible | Solide | Oui | Moyenne |
Indépendant | Variable | Variable | Parfois non | Complexe |
Le portage salarial représente donc un excellent compromis, en particulier pour les consultants autonomes souhaitant conserver une bonne protection sociale et des droits à la retraite solides, tout en bénéficiant de liberté dans l’organisation de leur activité.
Cumul emploi–retraite en portage salarial : cadre légal et pratique
Le cumul emploi-retraite permet aux seniors ayant liquidé leurs droits à la retraite de poursuivre une activité professionnelle. Le portage salarial constitue alors une option souple et sécurisante pour les retraités actifs. Néanmoins, les règles varient selon la situation de l’assuré : cumul intégral ou plafonné, cotisations sans nouveaux droits… Il est essentiel de bien comprendre le cadre légal.
Conditions légales du cumul emploi–retraite
Cumul intégral (sans plafond)
Le cumul intégral permet à un retraité de percevoir l’intégralité de sa pension tout en générant des revenus professionnels sans limitation.
Pour en bénéficier, trois conditions cumulatives doivent être remplies :
- Atteindre l’âge légal de départ à la retraite, soit entre 62 et 67 ans selon votre année de naissance et le taux plein souhaité.
- Valider tous les trimestres requis pour bénéficier du taux plein (172 trimestres pour les générations les plus récentes).
- Avoir liquidé l’ensemble de vos pensions auprès de tous les régimes obligatoires (base et complémentaires, y compris si vous avez cotisé dans plusieurs caisses).
Une fois ces conditions réunies, vous pouvez exercer une activité via le portage salarial sans plafonnement de vos revenus. C’est la formule la plus souple et avantageuse pour les retraités souhaitant rester actifs sans contrainte de seuils.
Cumul plafonné
Si l’une des conditions du cumul intégral n’est pas remplie (notamment le taux plein ou la liquidation complète des pensions), le retraité bascule dans un régime de cumul plafonné.
Dans ce cas, les revenus générés par votre activité professionnelle ne doivent pas dépasser :
- 1,6 fois le SMIC brut mensuel, soit environ 2 864 € en 2025,
- ou votre dernier salaire brut mensuel perçu avant votre retraite, si ce montant est inférieur à 1,6 SMIC.
Si vous dépassez ce plafond :
- Le versement de votre pension de retraite peut être suspendu temporairement ou réduit jusqu’à retour sous les seuils.
- Un mécanisme de régularisation peut s’appliquer a posteriori, avec obligation de rembourser des trop-perçus.
Le cumul plafonné reste possible, mais demande une gestion rigoureuse des revenus perçus via la société de portage.
Spécificités du portage salarial pour les retraités
Avantages du statut de salarié porté retraité
Le portage salarial offre de nombreux atouts aux retraités actifs :
- Maintien de la protection sociale : contrairement aux micro-entrepreneurs, les salariés portés bénéficient toujours d’une couverture santé, prévoyance et mutuelle d’entreprise, même après la retraite.
- Flexibilité totale : vous choisissez vos missions, la durée et le rythme de travail, sans engagement long terme.
- Simplicité administrative : la société de portage prend en charge toute la gestion comptable, sociale et fiscale. Vous évitez ainsi les lourdeurs de la gestion indépendante.
C’est donc une solution idéale pour rester actif tout en conservant la sérénité d’un statut salarié.
Gestion pratique du cumul
Pour que le cumul emploi-retraite en portage se passe sans accroc, plusieurs démarches et bonnes pratiques sont à respecter :
- Déclaration obligatoire aux caisses de retraite (de base et complémentaires) dès reprise d’activité. Cela évite les conflits ou les trop-perçus.
- Suivi régulier des revenus perçus : la société de portage vous transmet vos bulletins de salaire, que vous devez utiliser pour vérifier que vous ne dépassez pas les seuils (en cas de cumul plafonné).
- Optimisation fiscale : en portage, vous pouvez déclarer des frais professionnels (transports, matériel, télétravail…), ce qui réduit votre revenu imposable et permet de maximiser votre rentabilité nette, tout en restant dans les seuils autorisés.
Nouvelle cotisation retraite pour les retraités actifs
Depuis la réforme de 2015, les retraités qui reprennent une activité professionnelle continuent à cotiser à la retraite… mais sans générer de nouveaux droits.
Cela signifie que :
- Des cotisations retraite sont prélevées sur vos revenus (base et complémentaire).
- Vous contribuez au système, mais vous n’acquérez pas de points supplémentaires, ni trimestres, ni revalorisation de votre pension future.
Cela concerne toutes les activités salariées, y compris en portage.
Par conséquent :
- Il est important de bien évaluer l’impact budgétaire de ces cotisations non génératrices de droits. Elles peuvent représenter une part significative de votre revenu brut.
- Une stratégie d’optimisation peut consister à moduler vos missions, répartir vos revenus sur plusieurs années, ou privilégier des missions avec frais professionnels élevés pour limiter la base de cotisation.
Le portage salarial, bien que soumis à cette règle, reste une option rentable car il permet de cumuler confortablement activité, sécurité sociale et rentabilité, surtout si vous optez pour le cumul intégral.
Le portage salarial s’impose comme une solution intermédiaire particulièrement pertinente pour ceux qui souhaitent concilier indépendance professionnelle et sécurité sociale, notamment en matière de retraite. Ce statut permet d’évoluer dans un cadre légal sécurisé tout en conservant une grande souplesse dans la gestion de son activité.
C’est un équilibre subtil entre plusieurs dimensions essentielles :
- Des cotisations solides, identiques à celles d’un salarié en CDI, permettant une validation complète des droits à la retraite, aussi bien pour la retraite de base que pour la complémentaire.
- Une flexibilité réelle, qui autorise un rythme de travail personnalisé, adapté à son âge, ses ambitions ou ses contraintes personnelles, sans les risques et les démarches d’un statut d’indépendant.
- Une capacité de cumul emploi-retraite simplifiée, offrant aux retraités actifs la possibilité de reprendre une activité rémunérée tout en continuant à percevoir leur pension, sous certaines conditions avantageuses.
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