Rapport de branche 2022 : quels enseignements pour le secteur du portage salarial ? 1ère partie

19/09/2022

Deux ans et demi après la sortie du premier rapport, les partenaires sociaux de la branche du portage salarial viennent d’annoncer la publication du deuxième rapport de branche du secteur. Une source statistique particulièrement intéressante pour un secteur encore jeune. Nous allons prendre le temps de le décortiquer ensemble.

 

Nos lecteurs assidus le savent bien, l’encadrement législatif du portage salarial est assez récent malgré l’ancienneté du dispositif (le portage est apparu à la fin des années 80). La convention collective des salariés portés a été étendue le 28 avril 2017. Le portage salarial est depuis une branche d’activité à part entière. Le premier rapport de branche avait permis de lever le flou statistique entourant le secteur mais il portait principalement sur les années 2015 et 2016.

Ce deuxième rapport s’inscrit dans la continuité. Sa réalisation a été confié à La Faabrick Cherdet, un cabinet de conseil spécialisé sur les formes alternatives d’activité. Les données proviennent essentiellement de deux sources :

  • Les réponses aux questionnaires adressés aux entreprises de la branche qui porte principalement sur l’année 2020 ;
  • Les déclarations sociales nominatives (DSN) des entreprises du secteur pour les années 2018 et 2019.

 

Pour la première fois, nous avons la possibilité d’avoir accès à des données post convention collective.

L’exploitation du questionnaire adressé aux entreprises de portage salarial nous permet également de mesurer l'impact de la crise économique du Covid_19 sur le secteur.

Covid_19 : quel impact sur les entreprises de portage salarial ?

Les entreprises de portage ont été plus ou moins exposées à la crise économique qui a suivi la pandémie liée au Covid_19 en fonction de leurs secteurs d’activité. On le sait, les entreprises spécialisées sur l’IT ont ainsi mieux résisté. Il n’en reste pas moins qu’une grande majorité des entreprises (76% des répondants) ont déclaré avoir été impacté négativement par le Covid_19. Elles évaluent en moyenne leur perte de chiffre d’affaires à 17% sur l’année 2020.

Pour aider les consultants qui ont perdu leur mission à l’occasion du premier confinement ou des suivants, les organisations patronales du secteur avaient œuvré pour l’éligibilité au chômage partiel pour les salariés portés en CDI. On se rappelle que cela n’allait pas de soi et que son adaptation aux spécificités du portage avait posé question. Ils ont eu gain de cause ce qui a permis à bon nombres d’entreprises du portage de soutenir l’activité de leurs salariés portés. 81 % des entreprises ayant répondu au questionnaire de la branche ont ainsi utilisé le chômage partiel.

Difficile en revanche d’évaluer le nombre de salariés portés concernés. En pratique les entreprises ont souvent arbitré entre chômage partiel et rupture du contrat, permettant ainsi aux salariés portés de percevoir l’allocation chômage de retour à l’emploi versée par Pôle Emploi.

Autre avantage des salariés portés par rapport à nombre d’indépendants en micro-entreprise ou en société (qui ont certes pu prétendre aux aides du fonds de solidarité), les salariés portés ont pu bénéficier des arrêts maladie liés au Coronavirus lorsqu’ils en avaient besoin (près de ¾ des entreprises ont répondu que leurs salariés en avaient bénéficier pendant cette période). Pour enrayer la propagation de la maladie, le gouvernement avait mis en place des arrêts maladie exceptionnel. Etaient notamment concernés les personnes en contact avec un malade qui ne pouvaient pas télétravailler, les parents qui devaient garder leurs enfants suite à la fermeture des écoles, les personnes à risque, les personnes atteintes du Coronavirus.

Au-delà de ces deux mesures de soutien largement mises en place par le secteur, les entreprises de portage semblent avoir joué à plein leur rôle auprès de leurs consultants. 57% des entreprises ayant répondus ont ainsi déclaré avoir mis en place un suivi et un accompagnement renforcé (appels ou visio réguliers pour adapter la situation au cas par cas, aide dans la recherche d’opportunités, livraisons de masques, animation de webinaires, formation, mise en place de cellule psychologique …).

Nous n’avons de cesse de le répéter, la valeur ajoutée du portage réside en premier lieu dans cette capacité à accompagner leurs salariés portés dans leur activité.

Au final, la crise du Covid a impacté le secteur mais elle ne semble pas avoir entamé la confiance des entreprises. Elles pensent majoritairement (79% d’entre elles) que le portage salarial est amené à se développer encore davantage du fait de la crise (développement du télétravail, nouvelles aspirations pour les salariés, recherche de plus de flexibilité pour les entreprises). Un frein à court termes mais une opportunité à moyen termes. On oserait presque l’expression : reculer pour mieux sauter 😊

Portage salarial : quels chiffres clés ?

Nous aurons l’occasion dans un deuxième de volet de nous attarder sur le portait des entreprises, des salariés portés ou sur leur rémunération. Nous allons pour clôturer ce premier article sur le rapport de branche 2022 en nous concentrant sur les chiffres clés du secteur.

A commencer par le nombre d’entreprises de portage et le nombre de salariés portés. En 2019, 330 entreprises de portage sont considérées comme actives (une entreprise est active si elle a versé une rémunération à l’un de ses salariés) selon l’INSEE.

En ce qui concerne le nombre de salariés portés, il est en légère baisse après plusieurs années de fortes croissances pour atteindre 33 010 salariés. 

Les entreprises de portage ont versé 670 millions d’euros de rémunération en 2019, en croissance de 9% par rapport à 2018 malgré le repli du nombre de salariés portés. Le signe d’un chiffre d’affaires en hausse. Il atteint 1,2 milliard d’euros en 2019 confirmant le potentiel marché du portage salarial. 


La suite au prochain épisode 😊